J'ai
suivi récemment l'affaire d'un écrivain connu qui
reprochait à l'un de ses éditeurs de ne pas lui verser un plus gros pourcentage sur la vente des formats numériques.
J'ai
le plus grand respect pour le travail de cette dame, et loin de moi l'idée de la
critiquer en tant qu'auteur.
Je
comprends aussi très bien que tout auteur fait le calcul suivant :
« Un
e-book est vendu moins cher que le format papier, mais souvent la
différence n'est pas énorme. Or l'éditeur n'a à payer ni facture d'imprimeur, ni frais de diffusion du livre. Donc il
gagne beaucoup plus. Alors pourquoi est-ce que moi, auteur, je ne
toucherais pas davantage ?... »
Certes,
l'éditeur fait plus de marge sur les ebooks que sur les livres
imprimés. Bien qu'il faille tout de même rappeler le coût financier
des paiement en ligne, la commission élevée versée aux plates-formes de
vente, et le fait que les éditeurs anticipent avec raison une possible remontée
de taux de TVA de 5,5 à 19,6%, si nous nous faisons retoquer par
l'Europe à ce sujet.
Le
schéma ci-après montre bien que contrairement à ce que s'imaginent
beaucoup d'auteurs, l'éditeur n'est pas, dans la chaîne du
livre, celui qui vit le plus grassement de leur dur travail.
Surtout quand on songe au personnel qu'implique son activité, de la
réception des manuscrits aux attachés de presse !
http://www.lexpress.fr/culture/livre/ce-que-gagnent-les-ecrivains_859800.html
Et
puis, faut-il rappeler aussi que la vocation d'une maison d'édition,
comme de toute entreprise commerciale, est de faire une marge
suffisante pour assurer la poursuite de son activité ? Hé oui,
c'est trivial, mais ainsi va le monde...
Or,
une bonne partie de l'activité d'un éditeur consiste à prendre le
risque de lancer des auteurs inconnus.
S'il
ne joue pas assez le jeu, s'il privilégie des auteurs vedettes, ou ces people dont le nom garantit un best-seller, on le
lui reproche à bon droit : l'émergence de nouveaux talents,
donc la diversité de l'offre culturelle, dépendent entièrement de
la vocation de découvreurs de nos éditeurs tant décriés.
Autrement
dit, si augmenter la rémunération de ses auteurs vedettes réduit
trop la marge de l'éditeur, c'est bien simple : il ne prendra
plus - ou prendra beaucoup moins - le risque de publier des
non-vedettes.
Alors
l'affaire se résume à ceci :
Veut-on
défendre les intérêts financiers des vedettes en question (déjà
millionnaires pour certaines), ou les chances de « percer »
en littérature pour quantité d'inconnus méritants ?
En
ce qui me concerne, je prends sans hésiter, sur ce point particulier, le parti des grands éditeurs. Pourvu
qu'ils poursuivent avec assiduité leur œuvre de chercheurs de perles
littéraires...
Cela, c'est aux lecteurs qu'il appartient d'y veiller - en votant
avec leur porte-monnaie en faveur des nouveaux talents, plutôt que
de ne céder qu'à l'appel des best-sellers ultra médiatisés.
Et sur ce point, je suis optimiste : la blogosphère littéraire, chère à mon cœur, remplit parfaitement la fonction de trouble-fête, en permettant la promotion d'une multitude de jeunes auteurs presque à égalité avec les poids-lourds de la littérature !