Il y a quelque temps, j'ai écrit mon épitaphe.
Je compte bien qu'elle ne servira pas avant plusieurs décennies.
Néanmoins, je suis une femme prévoyante avec un grain de folie, donc cela m'a paru une bonne idée de prendre les devants ; ne serait-ce que pour éviter qu'une personne bien intentionnée ne fasse graver sur ma tombe quelque hommage conventionnel où je ne me reconnaîtrais pas.
Vous trouverez sans doute ces vers très noirs.
J'ai beaucoup donné dans la poésie noire, en ma jeunesse : entre 10 et 20 ans (voir l'article précédent), c'est presque un passage obligatoire, un genre de rite initiatique. On apprend à souffrir pour apprendre à vivre. Je ne dis pas que c'est bien, attention ! J'en ai vraiment bavé - comme, sans doute, pas mal d'entre vous.
Ce que je voulais dire, c'est que la lucidité, si elle conduit à écrire des vers pessimistes, ne rend pas forcément grincheux. :-) Elle n'empêche pas l'optimisme de tous les jours, la belle humeur et un dynamisme à tout crin. J'espère que c'est le cas pour vous également, parce que justement la vie est courte, et qu'il serait dommage de ne pas profiter de ces précieux instants.
Voici donc ce que je voudrais voir (enfin, façon de parler) gravé sur ma dernière demeure. Je compte sur les plus jeunes d'entre vous pour y veiller ! ;-)
À mon
tour, je disparais
sous
les sombres arches du Temps.
Mes
pas s'effacent, ma voix se tait,
enfin
s'éteignent mes tourments.
Plus
de feintes indifférences,
d'efforts,
de luttes, d'alarmes ;
je
peux déposer les armes.
Adieu,
solitude et souffrances !
Adieu
conscience, morne veille
dans
le charnier de mes pareils...
Libre
de ne plus me navrer
en
étant témoin de leurs transes
par le
chant triste de mes stances,
j'oublie
mon humanité
et me
dilue sans regrets
dans
ce luxe : l'inexistence.
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