Par le
plus grand des hasards (mais le hasard n'existe pas!), je reviens un
an jour pour jour après ma dernière publication sur ce blog, afin
de réagir à quelques articles.
Le
premier m'a révoltée :
J'ai
été élevée dans la conviction que la culture en général, et la
lecture en particulier, est non seulement l'une des clés de
l'épanouissement, mais aussi un facteur essentiel de l'ascenseur
social. À moins de vouloir considérer que chacun doit rester à sa
place ; qu'il est interdit d'abattre les murs qui séparent les
enfants défavorisés de ceux qui ont la chance d'être nés avec une
cuiller en argent dans la bouche un livre dans la main ;
et qu'en aucun cas, ces infortunés ne doivent être autorisés à
grimper sur lesdits murs pour essayer d'élargir leur horizon...
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Le
pire, c'est que je comprends très bien ce qui anime la principale du
collège, même si j'affirme qu'elle se fourvoie : pour elle (et
pour bien d'autres, hélas) la culture est un affreux privilège de
« l'élite », un outil de discrimination. Cette dame est
convaincue que l'on ne peut pas restituer leur fierté aux
non-privilégiés sans jeter le privilège lui-même au bas de son
piédestal.
Le principe qui sous-tend une telle idéologie, c'est que respecter vraiment ces
gens, ce n'est pas leur donner les moyens de rattraper les autres,
mais au contraire, leur démontrer que ces autres ne sont en aucun
cas « meilleurs ».
Je
peux concevoir cette louable volonté, mais en fait, c'est un jeu de
dupes.
Prenons
l'exemple d'un adolescent qui pèse trois fois son poids normal.
Plutôt que de l'encourager à maigrir, il peut paraître beaucoup
moins discriminatoire de lui répéter qu'il est très bien comme il
est ; que tous les gens plus minces sont d'affreux anorexiques.
Et tant pis pour sa santé, tant pis pour les complexes qui le
tortureront malgré tout, tant pis pour le rejet dont il fera l'objet
de la part des imbéciles (parce que l'on peut dire ce que l'on veut,
mais l'on ne change pas la nature humaine). Tant pis pour le danger
qu'il y a à cliver ainsi les gens, à les dresser les uns contre les
autres !
Revenons-en
à l'article. Des principes honorables, mais dévoyés, conduisent
cette dame à prétendre cataloguer la lecture comme un odieux
symbole de classe. Alors qu'en réalité, la lecture nourrit,
réchauffe, éclaire les foyers les plus démunis. Accessible à
tous, elle permet à chaque individu de s'évader, de progresser, de
voyager, de renverser les barrières. La lecture est à la fois un
jeu, un remède, un outil, un véhicule, un passeport, un lexique, une longue-vue, et
bien d'autres choses encore. Elle nous procure d'innombrables grilles
de lecture, justement, grâce auxquelles toutes les
possibilités, tous les aspects, toutes les visions du monde s'offrent et se dévoilent.
Donc,
madame, je vous le demande : voudriez-vous que les
« sans-dents » deviennent aussi des « sans-yeux » ?
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