J'aimerais
beaucoup passer à d'autres sujets, mais la polémique enfle
tellement que je voudrais, moi aussi, pousser mon petit cri d'orfraie
en forme de synthèse.
Alors
allons-y, j'ouvre les vannes !
OUI,
il existe des auteurs qui ne sont pas « doués » pour
écrire, selon les critères communément admis ou selon des critères
propres à chaque lecteur ; critères qui, les uns et les
autres, valent ce qu'ils valent mais ne sont pas discutables.
Ce
n'est pas une raison pour mépriser ces auteurs, mais aussi bien, ne pas aimer ce
qu'ils écrivent est une raison légitime pour ne pas les lire.
OUI,
il en existe d'autres (parfois les mêmes) qui ne prennent pas la
peine de corriger leurs textes, ou estiment qu'à l'ère des sms, on
peut aussi bien les lire tels quels.
Je
trouve cela fort dommage pour l'avenir de leurs écrits, et si j'étais blogueuse littéraire, j'aurais, je le crains bien, tendance à considérer cela comme un certain manque de respect envers le lecteur ; mais je reconnais aux auteurs le droit de s'exprimer comme ils l'entendent.
OUI,
c'est également le droit des blogueurs de ne lire que ce qu'ils veulent.
Spamer
leur BAL, les harceler, s'énerver quand ils refusent ou ne répondent
pas, c'est inexcusable !
Les
uns ont le droit d'écrire, les autres de ne pas lire : voilà une évidence bonne à rappeler.
OUI, les
blogueurs ont aussi le droit de critiquer les livres qui ne leur
plaisent pas.
C'est
leur travail, gratuit en plus, alors on ne va pas s'en plaindre !
D'ailleurs toute critique, même TRÈS sévère, est utile.
Il est donc indispensable que l'on respecte aussi le droit des blogueurs à critiquer.
OUI,
il arrive (très rarement) de tomber sur une critique où le blogueur
a paru prendre plaisir à tabasser l'auteur.
On préférerait voir à l'œuvre un principe de réciprocité : « J'ai le droit de ne
pas te plaire – Tu as le droit de le dire – Restons corrects
et n'attaquons pas l'autre en tant que personne ».
Surtout, n'oublions
jamais que l'immense majorité des blogueurs se donne beaucoup de mal
pour construire des critiques pertinentes et argumentées, malgré ce
que cela représente en temps non rémunéré.
Alors, NON, les auteurs ne sont pas des génies incompris et maltraités, et
ils ont le devoir impératif de respecter en toutes circonstances
ceux qu'ils sollicitent,
NON, les auteurs autoédités ne sont pas non plus des médiocres, des
aigris, des « refoulés » dans les deux sens du terme.
De leur côté, NON, les blogueurs ne sont pas des bénévoles,
nuance : ils œuvrent gratuitement, mais pas par charité. Rien
ne les y oblige, ils font cela pour leur plaisir, ne doivent rien à
personne, et personne ne leur doit rien. Sauf, là encore, une politesse réciproque.
Par
ailleurs :
OUI,
quand on lit un article qui vous met en colère, on a le droit d'y
répondre. Qui sème le vent récolte la tempête.
Cela
vaut pour ceux qui ont trouvé l'article de Sophie Adriansen
méprisant pour les auteurs ; j'en fais partie.
Cela
vaut aussi pour ceux qui se sont indignés du terme de « liste
noire » choisi par Alan Spade ; je le trouve beaucoup trop
provocateur.
Mais
peut-être était-ce un choix stratégique de la part de l'un et
l'autre ? Auquel cas, en sur-réagissant, nous les aidons à
faire le buzz.
Car
OUI, il faut reconnaître que certains blogueurs « se payent »
tel ou tel pour faire le buzz. La polémique, c'est vendeur !
Mais
comme je ne suis pas dans leur tête, je serais bien incapable de
discerner, après mûre réflexion, si Sophie Adriansen et Alan Spade
ont pondu leurs articles respectifs pour se faire mousser ou pour
exprimer une colère. Quoi qu'il en soit, peu importe : c'est
leur droit et je le respecte.
Cela étant posé, NON, le propos des auteurs dans cette affaire n'était pas de renier le droit des
blogueurs à lire ce qu'ils veulent.
NON,
il n'était pas non plus question de se plaindre que les blogueurs fassent de mauvaises
critiques. C'est leur rôle d'en faire quand ils le jugent bon.
Pour
finir :
OUI,
je trouve que l'idée d'Alan Spade, quelle que soit sa motivation, ainsi que le débat qui fait rage, aussi désolant qu'il puisse être, ont tous deux une utilité. Ne dit-on pas que de la
discussion jaillit la lumière ?
Il
existe depuis longtemps un annuaire des éditeurs. Il est indispensable aux auteurs débutants, qui peuvent ainsi s'abstenir de
solliciter ceux qui, à coup sûr, ne seraient pas intéressés par
leurs écrits.
Gain de temps et de peine pour les uns, comme pour les autres.
Un
répertoire des blogs littéraires serait tout aussi
utile.
Bien
sûr, les blogueurs ne devraient pas y être inscrits d'office, mais seulement à leur demande.
Bien
sûr, il ne s'agirait pas d'une « liste noire », mais
d'un outil de travail.
Et
naturellement, le meilleur de tous les outils reste encore la
courtoisie, quel que soit le cas de figure.
Bref,
si toute cette polémique aboutit à un tel résultat, alors je
remercierai bien bas Sophie Adriansen et Alan Spade de l'avoir
lancée...
Je suis d'accord avec ton article excepté sur un point: oui un blogueur est bénévole. Le bénévolat n'est pas de la charité. La définition de bénévole est bien: "Qui apporte son aide volontaire et sans être rémunéré", le fait d'y prendre ou non plaisir n'entre pas en ligne de compte. De plus, rien n'oblige personne non plus à faire du bénévolat. Du moment que l'on ne reçoit pas un salaire, on est bénévole.
RépondreSupprimerSara
Bonjour Sara,
RépondreSupprimerSi j'ai fait cette distinction, c'est justement parce que le propos d'un blogueur littéraire n'est pas forcément d'apporter son aide. Cet objectif-là, quand il existe, est secondaire. L'objectif de départ est le plaisir de transcrire et de partager ses impressions de lecteur ; ce n'est donc pas du bénévolat, mais une activité de loisirs. Beaucoup de blogueurs, le récent débat l'a rappelé, soulignent d'ailleurs qu'ils agissent pour leur propre plaisir, sans rien demander ni rien devoir à qui que ce soit, et que c'est pour cela qu'ils se sentent libres de toute obligation.
En revanche, les bénévoles œuvrent en général au sein d'une association, en aucun cas pour leur plaisir, mais dans le but précis de rendre gratuitement un certain service à un certain public. (La charité n'y a rien à voir, en effet, puisqu'il peut s'agir par exemple d'encadrement sportif.)
Je trouve important de rappeler cette distinction, parce que le blogueur ne doit certes pas être considéré comme un "prestataire de services" même gratuits : il y perdrait en libre-arbitre, car auteurs et éditeurs considéreraient alors que ce statut légitime leurs exigences.
Bien cordialement,
Elen