Aujourd'hui, je vais une fois de plus me mettre des gens à dos. :-)
Je réagis à "Attentat démocratique", une vidéo visionnée sur le profil d'un auteur que je
connais depuis peu, mais que j'apprécie beaucoup.
Bien sûr, je partage l'opinion, exprimée dans cette vidéo, que notre représentation nationale et nos élites politiques font assez mal
leur travail.
Voilà longtemps que je
déplore leur sinistre habitude de se
coopter en douce, empêchant tout nouveau venu non affilié au sérail de
briguer de hautes fonctions, ce qui permet à ce cénacle défaillant de perdurer sans espoir de remède.
Je
trouve que notre sacro-sainte démocratie est, davantage qu'une ploutocratie
(pouvoir basé sur l'argent) plutôt une techno-bureaucratie,
dirigée par une élitocratie de hauts fonctionnaires. D'où son
manque de réalisme, sa distance avec le quotidien des administrés.
Ses
auteurs citent en exemple la démocratie athénienne,
« oubliant » qu'il s'agissait d'une communauté
restreinte, donc facilement autogouvernable.
Or, l'on ne gère pas un pays comme une ville.
Or, l'on ne gère pas un pays comme une ville.
Ils
« oublient » surtout que les citoyens d'Athènes
formaient une élite violemment xénophobe et sectaire, d'où étaient
exclus les femmes, les esclaves et les « métèques »
(ressortissants d'autres cités grecques).
Peut-on
qualifier cela de modèle pertinent ?
Enfin, ils
« oublient » aussi que le système athénien a cruellement prouvé
ses limites.
Ruinée
et affaiblie par la guerre contre Sparte, la cité avait retrouvé au IVe
siècle avant J.-C. un élan « démocratique » avec
l'ouverture de la fonction publique aux citoyens de condition
modeste. Une mesure exemplaire, à première vue !
Hélas, Aristote et Aristophane, en particulier, n'ont pas tardé à émettre le constat que
les « pauvres » étaient plus sensibles à la démagogie
que les élites – ce qui n'a rien d'étonnant, puisque c'est
l'éducation qui permet aux individus de devenir moins influençables.
De
fait, ce glissement vers des sentences « populaires » a
produit des décisions éminemment critiquables, comme la
condamnation à mort de Socrate.
L'Histoire est ponctuée de massacres suscités par l'émotion populaire. Pour n'en citer que quelques-uns : la Saint-Barthélémy, la Terreur, les pogroms (et pas seulement sous Hitler ou Staline)...
En
se distanciant de la démocratie directe, nos élites modernes ont cherché, entre autres motivations plus ou moins valables, à en atténuer les effets pervers.
Car
là se situe le principal problème.
On
imagine facilement que les auteurs de la vidéo « Attentat
démocratique » se rêvent dans le rôle des fondateurs de la
démocratie athénienne, des patriciens éclairés, désireux de
contrer l'influence des bourgeois (eh oui, déjà!).
Mais ensuite ?
Une fois les « puissances de l'argent » et les
technocrates jetés à bas de leur piédestal, comment sera gérée la
nation (et ne parlons pas de l'Europe, de l'Occident, du monde) ?
Par
référendum ? Soit. Mais peut-être faudrait-il se demander si tout le monde a une conception éclairée des « bonnes »
décisions à prendre. Peu probable, n'est-ce pas ? Raison pour laquelle, sans doute, le suffrage
universel produit si peu de bons résultats.
Si
l'on mettait directement aux voix du peuple certains sujets,
notamment ceux qui veillent à empêcher des majorités hostiles
d'opprimer des minorités, que croyez-vous qu'il se produirait ?
Peut-on oublier que les chasses aux sorcières, aux Juifs, aux homosexuels, ont toutes été portées par l'enthousiasme populaire ?
Pour
prendre un exemple basique et qui ne heurtera personne, croyez-vous qu'une majorité de citoyens
voterait des lois protégeant les animaux ?
On n'en a peut-être
pas conscience dans les villes, dans des milieux résolument
empathiques et progressistes, mais la plupart des individus se
moquent éperdument de ce qu'il se passe dans les abattoirs, ne
voteraient certainement pas contre la chasse, et trouvent tout à fait
normal qu'un animal soit considéré comme un objet.
Alors,
la solution pour une gouvernance plus juste et plus efficace reste sans
doute à inventer.
Mais faisons en sorte de ne pas verser d'une démocratie imparfaite à la démocrashie, faute de pilotes dans l'avion.
En ces temps périlleux que nous vivons, avant de souffler sur les braises, songeons aux dégâts que pourrait produire un gigantesque incendie.
En ces temps périlleux que nous vivons, avant de souffler sur les braises, songeons aux dégâts que pourrait produire un gigantesque incendie.
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