Sur monBestSeller, un excellent article de Yannick Fradin qui explique bien l'importance
cruciale de la bêta-lecture, en amont de la ou des correction(s). Un
bêta-lecteur pointu et tâtillon est une perle, comme l'a souligné l'auteur Alice Quinn dans
les commentaires !

J'encourage
sans relâche les auteurs de mes groupes facebook à soumettre leur
travail à la critique, afin de ne mettre en ligne que des textes
aussi aboutis que possible. Un regard extérieur, encore mieux :
plusieurs, sont indispensables.
Aucun auteur, aussi expérimenté
soit-il, n'a le recul nécessaire sur ses écrits pour les
auto-corriger autant qu'il serait souhaitable. En relisant des romans
rédigés il y a une, deux, trois décennies, et revus depuis à
plusieurs reprises, j'y trouve encore moult défauts et maladresses.
Pour
Les trois Sages, le tome 1 de ma saga fantastique Élie et
l'Apocalypse, qui sortait de mon registre habituel, j'ai recherché
très activement des bêta-lecteurs ; de préférence des personnes
aux profils et goûts très diversifiés, pour m'assurer de ne pas
être gratifiée d'un consensus mou, mais de critiques actives venant
d'angles variés.
Personne ne perçoit un texte de la même
manière. Chacun a un regard particulier : l'un sera exigeant sur le
style, un autre remarquera des incohérences dans l'intrigue, un
autre encore critiquera la psychologie des personnages... Les uns
verront certains coquilles, mais passeront sur d'autres sans les
remarquer...

Malgré
cette posture de solliciteuse, je n'ai pas tenu compte de toutes les
remarques de mes bêta-lecteurs. J'essayais instinctivement de faire
valoir mon point de vue, ce qui est puéril et contre-productif.
Et
puis, à froid, quelques années plus tard, j'ai réalisé que
certaines critiques étaient bel et bien fondées, et j'ai tout
réécrit de fond en comble. "Les trois Sages" demeure
encore améliorable, j'en suis sûre, mais bon, il faut bien décider
de s'arrêter un jour !

Tout
auteur investit dans son œuvre beaucoup de lui-même, y enfouissant
toujours un petit morceau de son âme. Dès lors, il est douloureux
de voir critiquer le fruit de tant d'efforts.
Mais il ne faut pas
oublier que bientôt, cet "autre nous-même" sera offert en
pâture au public, qui risque fort d'être moins bienveillant. Alors, inutile de se mettre en boule !
Il
est indispensable, au contraire, de faire preuve d'une grande ouverture
d'esprit et d'une grande humilité. On peut débattre avec ses
bêta-lecteurs du bien-fondé de telle ou telle remarque, voire ne
pas en tenir compte in fine ; mais cela ne doit pas découler d'un a
priori négatif, du fait que l'on se trouve sur la défensive. Les
B-L sont nos alliés, et plus ils sont critiques, plus ils se
montrent exigeants, plus ils nous poussent à l'excellence. Grand
merci à eux !
Je
remarque qu'il devient difficile, aujourd'hui, de trouver
des bêta-lecteurs.

On entend çà et là des retours d'expérience
de B-L qui se sont heurtés à l'incompréhension, voire l'hostilité
des auteurs ; peut-être est-ce pour cela qu'ils se risquent moins
volontiers à cet exercice délicat.
Peut-être y a-t-il davantage
de candidats pour des littératures de genre, comme la romance, qui
suscitent des fan-clubs avides de dévorer un grand nombre
d'ouvrages. Je ne suis pas sûre, cela dit, que leurs avis soient
très critiques.
Je pense aussi que les volontaires ont de moins
en moins de temps, qu'ils soient seulement lecteurs, ou auteurs et
lecteurs à la fois, comme Colette Bacro qui
m'a fait l'amitié de bêta-lire en urgence Autant en emporte le
chergui. La vie nous entraîne et nous bouscule, et nous trouvons peu
de loisir pour nous-mêmes, alors il devient acrobatique d'en trouver
pour les autres.

Le
résultat, c'est que l'on travaille souvent en solitaire, sans filet,
et même si l'expérience apprend à prendre du recul sur ses textes,
c'est beaucoup plus difficile dans ces conditions de rendre une copie
aussi aboutie qu'elle pourrait l'être.
Raison de plus pour être
reconnaissants à l'égard de ces bénévoles qui nous aident à
perfectionner peu à peu des ouvrages forcément, au départ, très
imparfaits.
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