Pour ceux qui s'interrogeraient sur ce choix d'image, j'avoue avoir vu là une bonne illustration de la scène : l'éditeur tout-puissant dispensant (ou non) sa divine condescendance, les auteurs en prière dans l'espoir d'être élus et le staff de mBS en grands prêtres très soucieux que tout se passe bien. Suis-je taquine, tout de même ! 😉
Il
y a quelques jours, je me suis retrouvée à débattre publiquement
avec Florian Lafani, responsable du pôle digital aux
éditions Michel Lafon, suite à la parution de son interview par le
site monBestSeller.
Je
n'ai en aucune façon bousculé monsieur Lafani, ce n'est pas dans mes manières ;
je l'ai prié de bien vouloir éclaircir l'une de ses réponses.
Aussitôt,
j'ai vu fleurir un certain nombre de commentaires visant de toute
évidence à apaiser l'ego, supposément blessé, de mon
interlocuteur. Lequel me répliquait pourtant avec aisance, et,
dirais-je, une certaine mauvaise foi (mais cette interprétation
n'engage que moi).
Cela
m'a donné l'envie de vous écrire ce petit billet à propos des rapports
auteurs-éditeurs.
L'édition
dite « traditionnelle », à compte d'éditeur, est une
entreprise commerciale. Son but, afin de subsister et si possible de
prospérer, est de faire du profit. Une maison d'édition fonctionne
avec de nombreux employés dont elle doit assurer la rémunération ; même si elle emploie aussi de nombreux
intervenants payés une misère pour la
lecture des tapuscrits (cher Bernard Morin, j'emploie ici à
dessein ce mot inventé par l'écrivain François Nourissier : car il ne s'agit en l'occurrence ni de manuscrits – écrits à
la main – ni de fichiers enregistrés au dictaphone, mais
bien de pages tapées sur ordinateur ou machine à écrire ^^).

Tout
au plus peut-on dire que les éditeurs se sucrent avec les formats numériques, bien moins coûteux à produire, mais sur lesquels ils rechignent à réévaluer les droits d'auteur.
Bon, on peut le comprendre : ils ont tout simplement profité de cette manne pour rééquilibrer leurs comptes. Sur le dos des
auteurs, c'est vrai. Du moins, tant que ces derniers le leur ont permis.
Car désormais, les auteurs édités défendent de plus en plus âprement leurs droits numériques – allant même, lorsqu'ils se
sont déjà autopubliés, jusqu'à demander à les exclure du contrat
d'édition (ce qui est à conseiller).
Et les éditeurs, d'un point de vue comptable, ont bien fait de faire du gras quand ils le pouvaient, parce que, sonnez trompettes ! voici venu pour eux le temps des vaches maigres.
Donc,
première réflexion :
Au
lieu de se plaindre des éditeurs, il convient plutôt de négocier.
Bien sûr que ce ne sont pas des saints, bien sûr qu'ils cherchent à
vous exploiter. C'est leur rôle ; leur devoir, oserai-je dire,
vis-à-vis de leur entreprise.
Mais
vous, vous n'êtes pas obligé de vous laisser faire.
Vous
pouvez négocier :
● Le montant des droits d'auteurs sur le papier ET le
numérique. Voire, vous réserver l'exploitation numérique, comme
évoqué plus haut ; il est de toute façon fortement recommandé
de ne s'engager que sur la version imprimée, et de négocier à part
les droits numériques ainsi que les droits de traduction et d'adaptation.
● Les conditions de votre engagement :
durée, nombre de livres, etc.
Attention, s'engager sur plusieurs
livres n'est pas forcément une bonne idée.
Vous vous retrouverez
ligoté à un éditeur qui, après le bilan de votre premier ouvrage,
peut décider de moins investir dans la promotion du suivant, voire
de prendre tout son temps pour le publier. Ses motivations seront
complexes et multifactorielles : ventes jugés insuffisantes,
ouvrage « concurrent » à favoriser au sein de la maison,
etc.
À
ce petit jeu d'usure, vous serez perdant, soyez-en sûrs. Et vous
aurez le plus grand mal à reprendre votre liberté. C'est pourquoi
de plus en plus d'auteurs négocient également une clause de sortie
plus souple, s'évitant de devoir, le cas échéant, apporter
(parfois devant les tribunaux) la preuve que l'éditeur n'a pas
respecté ses engagements.
●Vous
pouvez négocier aussi le montant de l'à-valoir (sans pousser
le bouchon aussi loin que moi dans cette aventure), les remaniements
apportés à votre œuvre, et bien entendu, les droits de traduction et d'adaptation.
Sur ce sujet, je vous renvoie vers les conseils de la SGDL et à cet article, par exemple.

Et
c'est là l'objet véritable du présent billet.
J'ai conscience que je m'engage dans une voie périlleuse, étant donné que nombre d'intervenants de l'indésphère ont des intérêts communs, ou croisés, que sais-je, avec l'édition tradi. Mais peu importe, comme toujours, je dis ce que je pense : ne suis-je pas libre ?
J'ai conscience que je m'engage dans une voie périlleuse, étant donné que nombre d'intervenants de l'indésphère ont des intérêts communs, ou croisés, que sais-je, avec l'édition tradi. Mais peu importe, comme toujours, je dis ce que je pense : ne suis-je pas libre ?
Mes
chers ami(e)s, vous êtes pour la plupart des « autoédités ».
Après des années désespérantes à ne recevoir de l'édition que
des réponses négatives, vous vous êtes autopublié(e)s au prix de
maints efforts et maintes prises de tête.
(En l'occurrence, bien entendu, je ne m'adresse pas aux auteurs libertaires de mon
espèce, qui ont sauté sur l'aubaine du numérique et
des plateformes de publication pour s'autopublier « par
vocation », pourrait-on dire).
Vous
portez donc désormais, avec fierté je l'espère, la belle
appellation d'« auteurs indépendants ».
Est-ce
que ce mot revêt un sens à vos yeux ? Attardez-vous un instant, promenez-le sur votre langue, prononcez-le à haute voix. Vous êtes libres, vous aussi.
Et vous avez tout intérêt à le rester.
Pourquoi ?
Parce
que le match engagé il y a seulement quelques années entre
l'édition traditionnelle et l'édition indépendante est, d'ores et
déjà, très défavorable à la première.
Comme
je vous l'ai rappelé plus haut, l'édition tradi a des impératifs de rentabilité. Or,
ses marges diminuent.
Dans
un environnement de plus en plus difficile, avec de moins en moins de
lecteurs aux budgets de plus en plus serrés, les éditeurs en sont
venus à délaisser leur vocation de découvreurs de talents pour
rechercher les ouvrages les plus « bankables », comme on
dit ; en français, les plus rentables. Des page-turners industriels,
des confessions de vedettes, des prix littéraires assez souvent (voyez comme je suis diplomate ! ^^) bidonnés.
Ne parlons pas des subventions et de la manne de l'édition des manuels scolaires (la Recherche s'autoédite, à présent : et hop, une manne de moins...) Très artificiel, tout cela. Et pas très durable.
Ne parlons pas des subventions et de la manne de l'édition des manuels scolaires (la Recherche s'autoédite, à présent : et hop, une manne de moins...) Très artificiel, tout cela. Et pas très durable.
Ce qui veut dire, pour commencer, que vous, auteur autopublié, vous avez très, très peu de chances de l'intéresser, cet éditeur providentiel réduit à l'état de mythe.
Et qu'il est donc
inutile de déployer vos grâces et d'abdiquer toute fierté pour
séduire un homme d'affaires qui ne vous regardera même pas, trop occupé à déployer son gros parapluie pour garantir les dividendes de ses actionnaires.
La vérité, la voici :
● Si
votre manuscrit est « inabouti » (qu'il reste trop de
travail, que vous ne maîtrisez pas suffisamment votre écriture ou
votre intrigue) vos chances sont proches de zéro.
●Si
votre histoire n'est pas « porteuse » – le
genre qu'un vaste public s'arrachera, comme les confessions
sulfureuses de Nabilla –, vos chances sont proches de zéro.
●Enfin,
vos chances sont également proches de zéro si votre style est
« littéraire », donc tout sauf « grand public » ; et qu'en même temps, comble de déveine, vous n'avez aucune introduction vous permettant
de coiffer au poteau la multitude d'écrivains germanopratins qui capitalisent sur leurs relations
(tiens, je vous conseille de lire cet ouvrage de Michel Déon, Lettre à un jeune Rastignac : il date, mais vaut
toujours en tant que peinture des mœurs de ce microcosme très spécial).
Au
mieux, vous pourrez espérer tomber sur l'un des rares passionnés
qui hantent encore quelques couloirs, et bénéficier d'un tirage
confidentiel ; de ceux par lesquels, de temps à autre,
l'édition tradi toute entière se donne bonne conscience. Mais était-ce bien votre objectif, le rêve de votre vie ?...
Bref,
si vous croyez qu'un grand éditeur va soudain fondre sur l'ouvrage
dont vous semez avec ferveur des exemplaires à tous vents, et se
mettre en devoir de le transformer en best-seller, vous vous fourrez le
doigt dans l'œil, désolée de vous le dire aussi crûment.
Ah, me répliquera-t-on, mais monsieur Lafani dit lui-même que les éditions Michel Lafon recrutent des auteurs autoédités pour en faire des stars. Puis-je dire « joker » ? Non ? Bon, tant pis, je vais vous répondre.
Là encore, le but de cette entreprise est de récupérer des ouvrages déjà best-sellers sur le Net, publiables presque en l'état et assurés d'une importante fan-base, à partir de laquelle l'éditeur compte faire ses choux gras (c'est son rôle) en ajoutant sa touche professionnelle : léger remaniement et diffusion/distribution en librairies assortie de la publicité d'usage.
Remplissez-vous ces conditions ? Si oui, tentez votre chance. Même pas la peine : l'éditeur viendra à vous.
Si vous n'êtes pas sûr(e) de la réponse, je vous suggère d'enquêter auprès des autres gagnantes potentielles de cette mirifique loterie, et vous constaterez qu'il y a beaucoup d'appelés (à voix très basse) et extrêmement peu d'élues.
Je ne citerai pas de noms, mais celles qui ont bénéficié d'une telle aventure avaient déjà vendu sur internet des milliers d'exemplaires.
Or, rappelons-nous qu'un livre imprimé vendu 15 € rapporte un peu moins à son auteur que le fait de vendre lui-même sur le Net un ebook à 2,20 €.
Eh bien, il ne reste plus qu'à espérer que l'éditeur sera capable de persuader beaucoup, beaucoup de lecteurs d'investir 15 € dans « votre » format broché (d'où une épopée à la 50 shades of Grey, par exemple. Mais votre ouvrage entre-t-il dans cette même catégorie des livres qui se vendent comme des petits pains, et présente-t-il le même effet de nouveauté ?...).
Si des ventes massives ne sont pas au rendez-vous, à quoi bon avoir aliéné vos droits ? À moins, bien sûr, que votre seul but, là encore, soit de passer dans quelques médias et de pouvoir vous dire avec satisfaction « je suis un auteur édité ».
Ah, me répliquera-t-on, mais monsieur Lafani dit lui-même que les éditions Michel Lafon recrutent des auteurs autoédités pour en faire des stars. Puis-je dire « joker » ? Non ? Bon, tant pis, je vais vous répondre.
Là encore, le but de cette entreprise est de récupérer des ouvrages déjà best-sellers sur le Net, publiables presque en l'état et assurés d'une importante fan-base, à partir de laquelle l'éditeur compte faire ses choux gras (c'est son rôle) en ajoutant sa touche professionnelle : léger remaniement et diffusion/distribution en librairies assortie de la publicité d'usage.
Remplissez-vous ces conditions ? Si oui, tentez votre chance. Même pas la peine : l'éditeur viendra à vous.
Si vous n'êtes pas sûr(e) de la réponse, je vous suggère d'enquêter auprès des autres gagnantes potentielles de cette mirifique loterie, et vous constaterez qu'il y a beaucoup d'appelés (à voix très basse) et extrêmement peu d'élues.
Je ne citerai pas de noms, mais celles qui ont bénéficié d'une telle aventure avaient déjà vendu sur internet des milliers d'exemplaires.
Or, rappelons-nous qu'un livre imprimé vendu 15 € rapporte un peu moins à son auteur que le fait de vendre lui-même sur le Net un ebook à 2,20 €.
Eh bien, il ne reste plus qu'à espérer que l'éditeur sera capable de persuader beaucoup, beaucoup de lecteurs d'investir 15 € dans « votre » format broché (d'où une épopée à la 50 shades of Grey, par exemple. Mais votre ouvrage entre-t-il dans cette même catégorie des livres qui se vendent comme des petits pains, et présente-t-il le même effet de nouveauté ?...).
Si des ventes massives ne sont pas au rendez-vous, à quoi bon avoir aliéné vos droits ? À moins, bien sûr, que votre seul but, là encore, soit de passer dans quelques médias et de pouvoir vous dire avec satisfaction « je suis un auteur édité ».
Et si votre réponse à la question « remplissez-vous ces conditions ? » était « ben non », vous
aurez davantage de chances auprès d'un petit éditeur. Il y a encore
parmi eux des gens habités par la foi des origines.
Attention, il y en a bien davantage qui sont disposés à publier avidement tout ce qu'on leur
propose.

Bien sûr, payer pour ces
services peut être votre décision, votre choix ; mais là encore, soyez très vigilants quant à leur
qualité. D'innombrables auteurs se mordent les doigts d'avoir payé
pour des corrections approximatives et des mises en page guère
meilleures, voire pires, que celles qu'ils auraient pu réaliser avec
quelques conseils et un bon didacticiel.
● Soit
parce qu'ils veulent se constituer rapidement un catalogue d'auteurs tant soit peu crédible (parfois pour y camoufler la production littéraire du ou
des fondateurs, lesquels, désespérant eux aussi d'être édités,
ont trouvé cette astuce pour fourguer très officiellement leur prose aux
diffuseurs/distributeurs/libraires).
Et
là, je re-beugle : attention ! Car être sur le catalogue
d'un micro-éditeur, pouvoir serrer sur sa poitrine le premier « exemplaire auteur » de votre livre chéri, cela ne veut
pas dire trouver des lecteurs, notre seul vrai but à tous.
Voilà précisément où se situe le principal problème de la petite édition, et plus encore de la micro-édition.
Voilà précisément où se situe le principal problème de la petite édition, et plus encore de la micro-édition.
Beaucoup de ces éditeurs vous exhorteront à trouver vous-même des lecteurs, à arpenter
les salons et démarcher les petites librairies. Mais cela,
permettez-moi de vous rappeler que vous pourriez le faire pour votre
propre compte, en gardant pour votre pomme 100% des royalties ou des bénéfices sur le format imprimé.
D'autres
feront de leur mieux, mais leurs moyens seront limités.
Alors, si encore une fois votre seul but est de pouvoir dire « je suis un auteur
édité », si vous souhaitez intégrer une petite structure
sympathique, avec un vrai micro-éditeur de bon conseil qui vous
soutiendra moralement dans les affres de la création et prendra en
charge tout l'aspect technique, je vous dis : oui, cela existe ;
soyez prudents et sélectifs, mais vous devriez pouvoir trouver votre
bonheur.
Seulement,
si votre but est véritablement d'aller à la rencontre d'autant de
lecteurs que possible, de donner à votre ouvrage toutes ses chances
de « percer », permettez-moi de vous dire que vous faites
fausse route.
Vous
avez le moral dans les chaussettes ? Ce n'était pas mon
intention, bien au contraire. Reprenez-vous, nous abordons maintenant
la partie réjouissante.
La
grande édition, elle, ne voudra sans doute pas de vous, disais-je tout à l'heure. Alors,
pourquoi voudriez-vous d'elle ? C'est une belle et noble
profession, qui a porté à bout de bras la littérature française.
Presque une institution. Mais pas tout à fait. À cause des
impératifs de rentabilité.
À
cause d'eux, nous l'avons vu, l'édition toute entière est en train
de glisser sur une pente très savonneuse, vers toujours plus de
course au fric et toujours moins de culte du talent.
À
cause d'eux, l'édition que vous fantasmez, celle que vous imaginez
vous entourant, vous auteur inconnu, de ses ailes compétentes et
protectrices pour vous emporter vers les hauteurs, est devenue un
mythe.
À
cause d'eux, la grande édition nous craint, nous traîne dans la boue, nous
autres autoédités ; non seulement parce que notre mauvais exemple pourrait bien
insuffler des désirs d'indépendance à ses galériens d'auteurs sous contrat, mais parce que dans ce marché en perpétuel
rétrécissement, nous représentons à ses yeux une redoutable
concurrence. Le pire de toutes, même, parce qu'elle propose une offre très abondante, très diversifiée et à très bas prix, ou même gratuite.
Du
fait de ces contraintes, la suite est inéluctable : hormis quelques coups fumants (qui de toute façon, nous l'avons vu, ne concerneront guère que des Nabilla et des Rastignac), l'édition
tradi, grande ou petite, va peu à peu dériver vers l'activité qui s'annonce
la plus rentable... sa seule planche de salut à long, voire à moyen terme...
réfléchissez... mais oui ! La vente de services, comme dans
l'édition à compte d'auteur déguisé.
À la différence que la
grande édition, elle, possède en ce domaine d'inestimables
compétences à vous vendre, depuis ses savoir-faire littéraires et techniques
jusqu'à son carnet d'adresses dans les médias.
Nous
nous retrouverons donc tôt ou tard face à de super-agents
littéraires, aptes à nous proposer toute une gamme de prestations, à
nous, énorme réservoir de clients potentiels pour leur business.
Rappelez-vous : 2,5 millions de Français ont un manuscrit à publier ! Aux États-Unis, dès 2011, le volume
d'ouvrages autoédités avait dépassé celui des livres publiés par
éditeur. (Les derniers chiffres annonceraient, nous dit-on, une
inversion de cette tendance. Ils sont trompeurs : en fait, de
plus en plus d'auteurs s'oganisent sous une forme juridique de micro-éditeurs, seuls ou en coopérative, ce qui fausse les statistiques).
Donc,
exit l'édition. À plus ou moins long terme ; mais à mon humble
avis, pas si long que cela. Gardez en mémoire le sort des « majors » de l'édition musicale.
Avec votre permission, je
reprends ma petite démonstration :
Puisque la grande édition ne voudra sans doute pas
de vous, et qu'en prime elle est appelée à disparaître en tant que telle, pourquoi
ne vous réjouissez-vous pas tout simplement de faire partie de ce
gigantesque mouvement, que dis-je, cette lame de fond ?
N'est-il pas excitant de participer à cette révolution qui est en cours dans le monde du livre et bien au-delà : l'avènement d'une société de micro-auteurs en prise directe avec leur public, mettant en œuvre grâce à internet un mode de communication affranchi des pouvoirs médiatiques, et libre d'inventer de nouveaux modes de rétribution des auteurs ? D'accord, ce ne sera pas "the Age of Aquarius", mais tout de même, quelles perspectives !
Bref, ne rayonnez-vous pas de fierté d'être un auteur sans maître, lancé dans une magnifique aventure : l'édition indépendante ?...
Je
connais déjà la réponse : par moments, vous êtes
découragé. « Mais où sont les lecteurs ? Pourquoi
n'ai-je que trois ventes par mois, alors que je me démène comme un
fou/une folle ? »
Eh
bien, je vais vous répondre. Les lecteurs, ils sont en partie
préemptés par l'édition tradi, c'est vrai. Elle monopolise
quasiment les réseaux de diffusion/distribution (quand elle ne les
possède pas) ; elle a ses entrées dans toutes les librairies qui
nous dédaignent ; elle a accès aux médias pour promouvoir sa
production, fût-elle infâme.
Mais
cela ne va pas durer.
Certains
d'entre nous maîtrisent de bout en bout les méthodes permettant de
trouver des lecteurs, d'être vendus en librairie, de faire
absolument tout ce que ferait un éditeur (à condition qu'il le
veuille ; et pas forcément mieux).
En
me battant pour que l'indésphère s'organise, j'espère aussi que cette organisation favorisera la mutualisation de ces connaissances, accroîtra la
compétence individuelle des auteurs, et par un effet de levier,
amplifiera aussi l'influence de notre mouvement sur les pouvoirs publics,
les libraires, les médias.
Dès
lors, que pourrions-nous encore attendre d'un grand éditeur ?
Rien
du tout, sinon, pour ceux qui le souhaiteront et qui en auront les
moyens, des services payants appelés à se multiplier, et par
conséquent à devenir de plus en plus abordables.
Nous
serons enfin délivrés de cette dépendance envers le « papa-éditeur » tout-puissant.
Aussi, de grâce, ami(e)s auteurs, ne vous croyez pas obligés d'amadouer les éditeurs comme l'on déposerait des offrandes au pied de statues des dieux pour désamorcer leur supposé courroux et s'attirer leurs bonnes grâces.
Comme les dieux en question, les éditeurs de la grande édition ne vous voient pas, ou alors, c'est
pour bien rigoler de toutes ces tentatives d'apprivoisement.
Ils n'en ont
cure, de votre esprit conciliant, de vos courtoises révérences. Ce sont des entreprises à but exclusivement lucratif et elles ont, par force, l'oeil rivé sur la courbe de leurs profits. (Et si le regard d'un éditeur s'égare sur les vôtres, amies auteuresses, n'espérez pas être enfin distinguées dans le troupeau. Ce n'est que l'éternelle comédie de la promotion canapé, marché de dupes le plus souvent ; vous valez bien mieux que cela).
Pour ces entreprises, disais-je, votre livre est rentable ou non ; l'auteur n'est qu'un accessoire, voire même un
accessoire gênant, à moins d'être lui-même exceptionnellement « vendeur » de par son physique, sa personnalité, ses relations. Croyez-moi, si les éditeurs pouvaient signer
directement avec votre manuscrit... (quitte à lui trouver ensuite un
père ou mère officiel, photogénique et médiatiquement correct ;
mais bon, j'ai déjà traité ce sujet-là).
Oui, mes ami(e)s, vous
valez toutes et tous beaucoup, beaucoup mieux que cela. Vous êtes des auteurs indépendants.
Créatifs. Autonomes.
LIBRES.
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