Lorsqu'il s'agit de défendre leur business ou leur ego, certains auteurs évoqueraient plutôt des vautours.
Provocation ? Non : constatation.
Provocation ? Non : constatation.
Il est toujours triste de prendre la peine de s'expliquer, tout en sachant que cela ne changera rien aux préjugés des
protestataires. Tant pis : je sacrifie encore une fois (la
dernière, je le jure) au rituel de la mise au point, dans l'intérêt
des personnes que je soutiens.
Mes billets pour défendre les auteurs
consciencieux et les auteurs talentueux m'ont attiré pas mal
d'inimitiés et de reproches théâtraux. Cela ne date pas d'hier, ni
de mon dernier billet, qui a fait couler bien trop d'encre. Une fois
encore, je me suis trouvée entraînée, par respect pour mes
contradicteurs, dans un débat hélas stérile : il n'est
pire sourd que celui qui ne veut entendre.
L'affaire des noms d'oiseaux
Rappelons que cette dernière croisade contre mon
soi-disant « mépris des auteurs et des lectrices »
provient du simple fait que, pour évoquer le problème des
auteurs en quête de lecteurs, j'avais choisi de filer la métaphore
de la chasse, et plus spécialement des oiseaux élevés à cet effet – comparaison qui illustrait bien le sujet.
Patrice Le Wis, auteur subtil, n'a pas manqué de
glisser dans un commentaire « contes de la
bécasse », titre d'une œuvre de Maupassant. Il avait compris
(avec lui, c'est toujours couru d'avance) qu'en plus de mes
motivations métaphoriques, l'emploi du mot « bécasse »
était un clin d'œil aux auteurs et lecteurs littéraires auxquels
s'adressait ce billet.
Pour qu'on cesse de
perdre son temps à me faire de mauvais procès, je rappellerai tout de même que lorsque j'ai
classé les lecteurs en bécasses et phénix dans ledit billet, j'ai
précisé que je choisissais « bécasse » parce que
« faisan » au sens figuré est carrément injurieux : il désigne une personne malhonnête. Et précisé aussi que
je choisissais « phénix » parce que, tel l'oiseau de
légende, le lecteur friand de bonne littérature est considéré par
les indés littéraires comme plus que rare : mythique !
Il n'y avait donc là-dedans aucun mépris, aucune
suggestion de supériorité, aucune raison valable de s'émouvoir ou de se précipiter pour me régler mon compte ; seulement une métaphore que je
voulais cohérente, et un humour qui, eût-il été volontairement incisif, n'eût jamais visé qu'à aborder en plaisantant une situation préoccupante.
Si je rappelle ici mes
raisons d'un choix métaphorique aux conséquences disproportionnées,
soyez sûrs que ce n'est pas pour me justifier.
Lorsque des « autrices » de romance ont
jugé opportun, après m'avoir lue en diagonale, de s'offusquer sans
réfléchir et de rameuter leurs lectrices en affirmant que je les
traitais de bécasses, ma foi, elles n'ont fait que souligner qu'elles
auraient peut-être mérité ce qualificatif – dans un
sens clairement péjoratif, cette fois !
Du coup, alors que j'explique toujours amicalement
ma démarche à quiconque me contacte pour s'en inquiéter (je passe
à cela une proportion déraisonnable de mon temps), cette fois je
persiste et signe, ayant découvert à ma métaphore aviaire un
supplément de justification qui m'avait échappé.
Tyrannie de la bien-pensance
La société actuelle a perdu le sens de l'humour et oublié les
vertus médicinales de la satire. Elle tremble dans ses culottes à
l'idée de la moindre atteinte à l'ego de tel ou telle ; elle
se sent légitime, vertueuse, en prétendant museler le droit à la
libre expression sous le prétexte qu'il faut respecter son prochain. Forme de censure hypocrite et irresponsable, qui aurait fait bondir
Voltaire…
Je consacrerai un jour un billet à cette dérive
inquiétante. Elle transforme chaque citoyen en petit inquisiteur,
pressé de faire appliquer un châtiment exemplaire aux auteurs de
bons mots jugés ironiques ou déplacés. L'esprit (c'est-à-dire la faculté de se moquer spirituellement des travers de notre temps) est forcément « mauvais », qu'on se le dise ! C'est un vilain fauteur de troubles, un agitateur de
consciences, un empêcheur de roupiller béatement sur ses deux
oreilles !… Comme il ne pèse pas davantage que la sottise au fond des urnes, le voilà chassé à vue au nom de la bien-pensance.
Le lynchage organisé m'est indifférent lorsque
l'on m'attaque pour se faire mousser ou par suivisme délibéré ; ou encore, lorsque les
fumistes et les opportunistes (que je dénonce pour de bon, eux)
choisissent de prendre les armes au lieu d'avoir la décence de faire
profil bas.
Dans le premier cas, ça sent la meute alléchée
par l'odeur du sang, les donneurs de leçons-dresseurs d'échafauds,
la foule qui sort les piques pour s'offrir son heure de gloire tout
en s'adonnant aux délices vulgaires de la curée.
Dans le second cas, une corporation de
faisans – au sens péjoratif, je l'assume – défend
son os en essayant de faire taire les voix divergentes.
Grand bien leur fasse !
En revanche, cela me navre
profondément de penser que des auteurs et des lecteurs de bonne
volonté puissent être peinés parce qu'ils croient, à tort, que je
les critique.
Tout le monde a le droit de publier. Faut-il,
pour autant, tout confondre ?
On oublie volontiers que je me suis beaucoup
battue pour les auteurs débutants, en les aidant directement, en créant des goupes de soutien et de promotion, en leur proposant de nombreux
billets pour les aider à progresser ; et
que je n'ai jamais cessé de proclamer aussi le droit de tout le
monde à écrire, en défendant, en particulier, les auteurs
dyslexiques, cible de commentaires blessants.
Oui, je pense que parmi les vertus de
l'autoédition, il y a le fait de permettre à tout le monde de
s'exprimer. Tout un chacun peut éprouver le besoin d'écrire et de
publier.
Écrire est une thérapie ; partager est un besoin, en
notre ère de grande solitude ; enfin, des lecteurs peuvent être
intéressés par ce qu'un auteur amateur aura écrit dans une
langue imparfaite. Ils peuvent même se moquer totalement de la
forme et ne s'intéresser qu'au contenu. C'est leur droit, et je trouve très bien qu'on leur propose ce qu'ils demandent.
En résumé : je ne
fais pas partie des personnes qui voudraient empêcher de
s'autopublier les auteurs qui ne savent pas (ou pas encore) écrire.
Je ne critique pas non plus les lecteurs de prose imparfaite : chacun ses goûts.
Cependant, il est absurde et dangereux de confondre libre
publication et littérature.
Pourquoi est-ce si grave ?
La prétention de quiconque à se
déclarer écrivain après avoir mis en ligne un texte approximatif a
pour résultat de coller à l'indésphère une réputation
d'irrémédiable médiocrité, au détriment de la communauté toute
entière.
Quant aux éditeurs qui, par nécessité financière, inondent le marché de livres, disons médiocres, ils contribuent à une dérive qui aura de lourdes conséquences, et pas seulement sur la littérature.
On ne fait pas des chevaux de course en les gavant avec du son. Ce qui est train d'être perpétré dans l'indifférence, c'est un crime contre le droit à l'égalité véritable : la possibilité, pour les plus défavorisés, d'échapper à leur condition. Pour approfondir le lien entre qualité des modèles culturels et émancipation sociale, voir par exemple cet article du Point sur les programmes scolaires.
La confusion entre publier – voire « cartonner » – et savoir écrire,
entre avoir le droit de s'exprimer et être légitime en tant
qu'écrivain, donc en tant qu'exemple, fait d'énormes dégâts.
Des voix s'élèvent pour décréter que seul
compte le verdict des lecteurs (argument ubuesque, tant il fait le
jeu pervers de la société de consommation). Ou persifler que nul ne peut
s'octroyer le droit de juger la valeur d'un écrit : argument
démagogue dans le meilleur des cas, et manipulateur chez les auteurs
qui, à défaut de pouvoir étiqueter « gastronomie » leur petite ragougnasse, aimeraient faire croire que rien ne s'en
distingue.
C'est contre ces affirmations de mauvaise foi que
je me bats sans relâche depuis mon arrivée sur l'indésphère. Elles prêchent
pour une confusion des valeurs propre à servir certains intérêts, mais
certainement pas l'intérêt général.
À quels auteurs cette confusion fait-elle du tort ?
Pas à moi – je le répète pour lever
toute ambiguïté résiduelle.
Enfant du sérail, j'ai
préféré œuvrer discrètement en tant que réécriveur plutôt que
d'endurer la vie d'un écrivain à part entière, faite de
contraintes et d'une exposition publique qui incarne à mes yeux le
summum de l'aliénation. J'ai volontiers écrit pour d'autres, à mes
conditions ; mais, pour mon propre compte, j'ai décliné des
offres inrefusables afin de conserver ma liberté chérie.
(Pour ne
pas paraître désinvolte ou provocatrice envers les auteurs qui
auraient tué pour avoir la même chance, il m'est arrivé de prétendre avoir été folle d'envoyer paître les éditions Robert Laffont. En
vérité, je n'ai pas l'ombre d'un regret.)
Voilà, c'est dit ! Que mes détracteurs s'épargnent désormais de me taxer d'aigreur ou d'incompétence : ils se trompent d'adresse.
Pour autant, je n'ai rien contre les éditeurs. Je connais et apprécie leurs éventuelles compétences. Si je mets les auteurs en garde contre certains prédateurs grands ou petits, je défends l'édition sérieuse quand elle est la cible de préjugés
hâtifs. Je ne cesse de rappeler qu'il se trouve encore des
passionnés très préoccupés de qualité
littéraire, et qu'ils sont une excellente solution, même si je n'en veux pas pour moi-même.
Je ne veux pas non plus être un indé à
succès, car cela nécessite d'écrire pour le grand public (c'est-à-dire d'une manière formatée pour plaire au plus grand nombre), alors que n'ai envie que d'écrire comme cela me plaît et d'échanger avec des auteurs et lecteurs
qui partagent mes goûts. Cela ne m'empêche pas de déplorer que ceux qui en rêvent n'obtiennent pas le succès qu'ils méritent.
Autrement dit, je ne roule pas pour
ma pomme, mais pour de vraies victimes : celles du système de
mise en avant pratiqué par les plateformes de vente, et des choix
financiers de l'édition marchande.
Les auteurs pénalisés par le fait d'être
mélangés aux fumistes et aux opportunistes, ce sont tous ceux,
sérieux et respectueux de leurs lecteurs, que je vois se démener en vain sur les réseaux sociaux. Ou qui n'y apparaissent même pas : combien sont-ils, à jamais invisibles ?…
Qu'est-ce qu'un auteur
sérieux et comment le soutenir ?
Celui qui fait de son
mieux – avec ou sans talent inné ou acquis – et
propose aux lecteurs des ouvrages pour le moins correctement écrits
et peaufinés avec amour avant publication.
Ceux-là méritent doublement d'être valorisés : alors qu'ils se donnent du mal et n'en sont pas (encore) récompensés, ils
voient chanter, comme des coqs sur leur tas de fumier, les m'as-tu-vu très fiers de pondre n'importe quoi (j'insiste une fois de plus : je ne vise pas les auteurs d'une prose imparfaite, mais ceux qui proclament « m'en fous, ça se vend quand même ! ») et les
marioles qui engorgent sans vergogne les créneaux porteurs en y
déversant sciemment des hectolitres de daube.
À ce spectacle, l'amertume des auteurs sérieux est parfois
immense. Car les
ouvrages bâclés, beaucoup plus nombreux et souvent vendus de façon
plus agressive, saturent le marché – en termes de ventes ou de visibilité, car tout le monde ne se soucie pas de vendre. Du coup, les autres végètent
injustement.
Les auteurs sérieux ET talentueux souffrent plus encore. (Eh
oui, le talent existe, il est quantifiable, ne déplaise à ceux
qui craignent de ne pas en avoir.)
Ils ont choisi l'autoédition parce que, quoi que
l'on prétende, tous les romans de qualité ne trouvent pas preneur
dans l'édition ; ou pour dire ce qu'ils veulent sous la forme
qu'ils ont choisie, sans qu'on leur oppose la nécessité de
conquérir les foules.
Cependant ils aimeraient, un jour ou l'autre, entendre reconnaître leur talent.
Mais cette reconnaissance semble parfois écorcher la bouche de leurs pairs – en dehors du cadre des échanges de bons procédés, où les compliments sont de rigueur.
Peut-être y a-t-il une raison, autre qu'un sentiment de concurrence, pour que l'on répugne à mettre en avant les ouvrages qui feraient le plus honneur à l'indésphère : beaucoup d'indés n'ont pas de réelle culture littéraire. Il est possible qu'ils échouent sincèrement à établir une différence qualitative entre deux livres.
Heureusement, j'en connais de compétents, qui mettent les bouchées doubles pour promouvoir la qualité de travail d'autres auteurs. Rappelons que mon groupe Les auteurs parlent des auteurs a été créé dans ce but.
Quant aux lecteurs non auteurs (appelés à se raréfier, semble-t-il), ils sont encore peu nombreux, parmi ceux qui lisent des autoédités, à s'intéresser au talent littéraire.
Lister les blogueurs de cette sorte me semble indispensable et urgent. Je profite de cette occasion pour les inviter à se faire connaître. Et précisons bien que lire aussi des livres grand public n'est pas discriminant !
Cependant ils aimeraient, un jour ou l'autre, entendre reconnaître leur talent.
Mais cette reconnaissance semble parfois écorcher la bouche de leurs pairs – en dehors du cadre des échanges de bons procédés, où les compliments sont de rigueur.
Peut-être y a-t-il une raison, autre qu'un sentiment de concurrence, pour que l'on répugne à mettre en avant les ouvrages qui feraient le plus honneur à l'indésphère : beaucoup d'indés n'ont pas de réelle culture littéraire. Il est possible qu'ils échouent sincèrement à établir une différence qualitative entre deux livres.
Heureusement, j'en connais de compétents, qui mettent les bouchées doubles pour promouvoir la qualité de travail d'autres auteurs. Rappelons que mon groupe Les auteurs parlent des auteurs a été créé dans ce but.
Quant aux lecteurs non auteurs (appelés à se raréfier, semble-t-il), ils sont encore peu nombreux, parmi ceux qui lisent des autoédités, à s'intéresser au talent littéraire.
Lister les blogueurs de cette sorte me semble indispensable et urgent. Je profite de cette occasion pour les inviter à se faire connaître. Et précisons bien que lire aussi des livres grand public n'est pas discriminant !
Ce que je ne critique pas
Pour défendre les auteurs sérieux, il est important que je ne laisse pas s'installer de malentendus.
On m'a reproché d'attaquer la littérature grand public. C'est aussi faux que tout le reste. Là aussi, mettons les choses au point.
On m'a reproché d'attaquer la littérature grand public. C'est aussi faux que tout le reste. Là aussi, mettons les choses au point.
● Je ne distingue pas les grands succès
populaires des ouvrages confidentiels quand la qualité est présente
dans les deux cas ; je distingue seulement les bouses opportunistes d'un
travail estimable.
● Je ne prône pas une littérature
intellectuelle prétentieuse ; j'en ai horreur.
Confondre ce qui est pédant avec ce qui est
« littéraire » (c'est-à-dire ce qui conjugue
l'originalité du sujet, du style, de la vision exposée par l'auteur)
arrange bien certains débatteurs de mauvaise foi. Chez d'autres,
elle ne fait que démontrer un manque d'éléments de
comparaison.
L'inculture n'est pas une tare, mais devient un crime quand, à cause d'elle, on se met à pendre des gens, au propre ou au figuré – ou ne serait-ce qu'à distordre des vérités. Une phrase illustre bien ce problème, l'affirmation du président du tribunal populaire à Lavoisier (l'illustre chimiste fut guillotiné trois jours plus tard, sans avoir achevé ses travaux en cours) : « la République n'a pas besoin de savants ».
Certains auteurs sont visiblement persuadés que l'indésphère n'a pas besoin d'auteurs littéraires. Comme ils se trompent ! Une communauté vaut aussi par ce qu'elle produit de meilleur, de plus innovant, de plus exemplaire, et par sa capacité à s'en emparer, à le faire valoir, à s'en servir pour progresser : c'est une partie de ce qui distingue l'humanité d'une termitière.
L'inculture n'est pas une tare, mais devient un crime quand, à cause d'elle, on se met à pendre des gens, au propre ou au figuré – ou ne serait-ce qu'à distordre des vérités. Une phrase illustre bien ce problème, l'affirmation du président du tribunal populaire à Lavoisier (l'illustre chimiste fut guillotiné trois jours plus tard, sans avoir achevé ses travaux en cours) : « la République n'a pas besoin de savants ».
Certains auteurs sont visiblement persuadés que l'indésphère n'a pas besoin d'auteurs littéraires. Comme ils se trompent ! Une communauté vaut aussi par ce qu'elle produit de meilleur, de plus innovant, de plus exemplaire, et par sa capacité à s'en emparer, à le faire valoir, à s'en servir pour progresser : c'est une partie de ce qui distingue l'humanité d'une termitière.
L'acharnement à amalgamer « littérature »
avec « alambiqué » ou « chiant », et à
croire que la notion de style désigne le contraire de la simplicité,
est plus que fautif : grotesque. Il existe une infinité de
styles, du plus fleuri ou plus épuré. Tous peuvent être
« littéraires » : c'est une question de justesse.
Je me suis donné en 2016 et 2017 la mission de publier à prix plancher ou gratuitement un maximum d'histoires courtes, les « Apéribooks » ; précisément pour démontrer, entre autres, qu'il y a mille et une manières de s'exprimer de façon originale, y compris en littérature de genre. La banalité n'est jamais un passage obligé pour atteindre le succès. En revanche, c'est toujours une bonne raison de ne pas le mériter.
La mode actuelle prône une simplicité plus indigente que littéraire. Mais les modes ne sont que des modes, pas des critères de valeur.
Quant à conseiller « en dire plus que nécessaire est une faute » (critique qui vise en particulier les descriptions), voilà encore une tendance tirée des prescriptions journalistiques ou scénaristiques, lesquelles n'ont aucune légitimité particulière en littérature.
Certains styles sont prolixes, d'autres minimalistes ; les deux se justifient selon le thème ou l'auteur. Aucun ne peut prétendre incarner seul le bien-écrire.
La mode actuelle prône une simplicité plus indigente que littéraire. Mais les modes ne sont que des modes, pas des critères de valeur.
Quant à conseiller « en dire plus que nécessaire est une faute » (critique qui vise en particulier les descriptions), voilà encore une tendance tirée des prescriptions journalistiques ou scénaristiques, lesquelles n'ont aucune légitimité particulière en littérature.
Certains styles sont prolixes, d'autres minimalistes ; les deux se justifient selon le thème ou l'auteur. Aucun ne peut prétendre incarner seul le bien-écrire.
● Je n'ai nul mépris pour la littérature
de genre, bien au contraire ; y compris pour la romance.
En revanche, oui, je voue aux gémonies le rata
mal torché, mauvaise copie d'éternels stéréotypes, que l'on balance à ses lecteurs sous prétexte qu'ils
kiffent les histoires de vampires, l'eau de rose, l'érotisme, la fantasy, la SF, les thrillers ou ce
que vous voudrez.
Il y a d'excellents romans de genre, et c'est vers cela que les autoédités devraient s'efforcer de tendre, au
lieu de s'acharner sur les personnes qui appellent à un effort de
qualité et d'originalité.
● Enfin, je n'établis aucun distingo entre
les auteurs autoédités, hybrides et micro-édités.
Je défends surtout les autoédités parce qu'ils
sont livrés à eux-mêmes, mais c'est aussi, hélas, le cas de bien
des auteurs micro-édités. Je ne crache pas pour autant sur la
micro-édition, où j'ai vécu fortuitement une très belle
expérience.
Qu'est-ce qui mérite d'être critiqué ?
● Des auteurs à grand succès surfait et/ou induit par une démarche vénale : je ne voudrais pas qu'il soient imités, de guerre lasse, par
ceux qui pourraient beaucoup mieux faire en termes de qualité.
● Des opportunistes qui proclament que le
signe de qualité d'un livre, ce sont ses chiffres de ventes, pour
justifier le fait qu'ils mettent en ligne des historiettes
racoleuses, indignes en termes d'écriture comme en termes
d'intentions.
Eux aussi donnent un bien mauvais exemple, et j'ai
vu trop d'auteurs de talent se demander s'il ne vaudrait pas mieux
les imiter pour devenir enfin visibles.
● Des débutants qui ne songent qu'à
brosser leur ego dans le sens du poil en se prétendant
« écrivains », sans daigner faire le moindre effort
d'écriture ou de présentation (et même en se vantant de leur incurie, sous
prétexte de la liberté d'expression).
Ceux-là, je continuerai à les brocarder sans méchanceté mais sans hésitation, parce que c'est un moyen de peut-être leur ouvrir les yeux et, en tout cas, de réconforter les auteurs sérieux.
Ceux-là, je continuerai à les brocarder sans méchanceté mais sans hésitation, parce que c'est un moyen de peut-être leur ouvrir les yeux et, en tout cas, de réconforter les auteurs sérieux.
Rappel de quelques définitions
Le véritable écrivain,
au sens littéraire du terme, ce n'est pas celui qui vend des
centaines, voire des millions de livre en profitant d'un créneau
porteur et/ou en écrivant pour le plus grand nombre, mais la
personnalité originale qui exprime une voix différente en
n'écoutant que son inspiration et son respect du lecteur.
La façon dont ceux-là touchent leur lectorat va bien au-delà de l'émotion facile. Leur prose est unique, tout le contraire d'industrielle. Les lecteurs en sortent enrichis.
La façon dont ceux-là touchent leur lectorat va bien au-delà de l'émotion facile. Leur prose est unique, tout le contraire d'industrielle. Les lecteurs en sortent enrichis.
Eh oui, mesdames qui vous autoqualifiez de
« bécasses » en clamant que mon précédent billet vous
visait (quel égocentrisme…) : le respect du lecteur est à cent lieues du fait, très ostentatoire, de monter au créneau chaque
fois qu'on entend rappeler que certains lecteurs plébiscitent les livres
simplistes-stéréotypés et que ces ouvrages-là n'ont
que peu de chose à voir avec la littérature.
Le respect du lecteur,
c'est de se remettre sans cesse en question, d'avoir à cœur
d'offrir des textes aussi qualiteux que possible ; c'est
l'humilité qui consiste à trouver que l'on n'en fait jamais assez,
que l'on doit toujours s'efforcer d'être meilleur.
Cela, et cela seul, peut mériter le nom de littérature.
La littérature, au
sens qualitatif (et non simplement générique) du terme, c'est ce
qui fait honneur au patrimoine de l'humanité.
Pas forcément ce dont on parlera dans un siècle,
si d'ici là notre espèce ne s'est pas autodétruite ! Mais ce que l'on
citera en exemple.
Peut-être que dans un siècle, on se souviendra de la popularité de Nabilla ; on ne la placera pas pour
autant dans le même panthéon que Victor Hugo ou Boris Vian.
Peut-être aussi parlera-t-on encore du succès de 50 NG en tant que phénomène social ; en aucun cas de ce livre en tant que chef-d'œuvre littéraire.
Peut-être aussi parlera-t-on encore du succès de 50 NG en tant que phénomène social ; en aucun cas de ce livre en tant que chef-d'œuvre littéraire.
Alors, bien sûr, la littérature a compté toutes
sortes d'auteurs de talent inconnus de leur vivant, ou oubliés à la
décennie suivante. Mais aucun d'eux n'avait démérité, et il ne
faut pas confondre mérite et renommée.
Le succès n'a jamais
été un signe de qualité, de compétence ou de mérite. Il dépend
de trop de facteurs : la chance, l'arrivisme, les modes…
De plus, contrairement à ce que l'on aimerait
croire, la société n'est pas une machine à promouvoir les
meilleurs, mais, comme le disait Cocteau, à « couper les têtes
qui dépassent ».
Prétendre que le succès prouve le talent, c'est
affirmer que seule vaut la dictature du nombre. Et nier le fait que,
très souvent, le nombre a – pardonnez-moi – des
goûts de chiotte. (Avec toutes les excuses possibles, parce que tout
un chacun, quelle que soit son intelligence, peut pâtir d'une
éducation inachevée, de moyens matériels limités, de
l'inclination à la facilité propre à ceux qui sont malades ou
chargés de soucis, travaillent dur, se lèvent de bonne heure…)
Il me semble que les démagogues, au lieu de
s'empresser de proclamer servilement que le nombre a toujours raison,
feraient mieux de se soucier de le nourrir aussi avec de
l'excellence, pour l'aider à sortir de sa condition plutôt que de
l'encourager à bouffer du foin.
Mais bien entendu, on ne changera pas les
mentalités, ni les misérables raisons pour lesquelles certains
préfèrent que rien ne change. C'est pourquoi, désormais, je
m'abstiendrai de gaspiller mon temps à répondre aux tartuffes qui m'interpelleront pour me reprocher sans vergogne de mépriser tel ou
telle.
Maints talents exceptionnels sont restés et
resteront dans l'ombre. Cela n'empêche pas un bon auteur d'être
reconnu par les personnes qui savent identifier la
qualité littéraire. Peu importe qu'elles soient une poignée
ou toute une foule. Leur validation vaut de l'or, car c'est elle qui
vous encourage à poursuivre dans une voie difficile.
Bien écrire, c'est
avoir le talent exceptionnel d'un grand artiste, ou acquérir la
maîtrise d'un bon artisan. Parfois, un peu des deux.
L'un et l'autre sont honorables et méritent
d'être mis en avant. Ce qui importe, c'est que tous deux donnent le
meilleur d'eux-mêmes pour mettre en mots sous une forme aboutie,
c'est-à-dire dans le plus grand respect du lecteur, ce qui leur
vient du cœur.
Toute autre démarche sincère doit être
respectée en tant qu'activité humaine, mais ce n'est pas de la
littérature.
Profession de foi
Il faut, un jour ou l'autre, choisir ce que l'on
défend.
Je reste de tout cœur avec
l'ensemble des auteurs autoédités, hybrides ou microédités, que je continue à
aider et conseiller sans aucune discrimination.
Mais pour ne pas me
disperser, j'ai choisi un beau matin de défendre plus spécifiquement
ceux d'entre eux qui me semblaient en avoir le plus besoin.
Par inclination naturelle, j'ai pris le parti
d'une minorité invisible, et qui pourtant mériterait d'être
promue : les auteurs littéraires.
Pourquoi ne pas me contenter de les lire et les
chroniquer ? Parce que c'est un outil de promotion très
insuffisant. Même si je m'y consacrais jour et nuit, je ne pourrais
mettre en avant qu'une infime fraction d'auteurs. Alors que chaque
billet adressé à tous est lu par des centaines, qui peuvent y
trouver encouragement et réconfort.
J'ai donc choisi de soutenir leur moral, de leur
dire que l'important, c'est qu'ils continuent à écrire, à
transcrire ce qu'ils portent en eux, sans se soucier des ventes.
Je leur conseille de ne pas gaspiller leur temps à
se faire connaître, mais de l'employer à écrire toujours mieux et
à enrichir leur œuvre (ce qui n'empêche pas de communiquer pour le
plaisir, à condition de ne pas se laisser happer par facebook).
Je leur rappelle qu'une offre éclair les tirera
de l'ombre tôt ou tard, ou qu'une solution collective sera trouvée.
Et que mieux vaut se préparer pour ce moment-là que de perdre leur
énergie et d'abîmer leur élan en se tapant la tête contre les
murs.
Je leur suggère de trouver leur plaisir dans
l'écriture elle-même, plutôt que de se laisser démoraliser. La
récompense viendra, infime ou planétaire, peu importe ; en
attendant, ou plutôt en n'attendant rien, ils auront décroché la
lune : le simple bonheur d'écrire.
Une poignée de lecteurs, ou de bêta-lecteurs
bien choisis, suffit pour ne pas se sentir trop seul sur cette route longue et ingrate. Quand on soigne son écriture, on les trouve sans difficulté.
Ensuite, pour préserver l'ambiance sereine et positive propice à
l'écriture, il suffit de ne pas se laisser happer dans la promotion
permanente ou dans la course au nombre de ventes ou de commentaires.
Conclusion
Même si j'ai pris du recul pour pouvoir (enfin) écrire, je reste présente, comme on me l'a demandé.
Pardon de m'être beaucoup répétée. Je radote, m'a aimablement signalé une consœur. Toutes ces réflexions maintes fois resservies sous différents angles et formes sont, si vous y adhérez, des éléments pour vous conforter dans votre démarche, vous aider à lutter contre le découragement et à tenir tête aux argumenteurs de mauvaise foi.
Je ne publie pas sur ce blog pour convaincre celles et ceux qui ne veulent pas l'être, mais pour exprimer ma sympathie aux auteurs sérieux et identifier peu à peu ceux dont le talent mérite soutien immédiat et solutions futures. Il existe un groupe spécifique créé à cet effet : me contacter en MP sur facebook, avec un résumé de vos motivations et le lien vers l'un de vos ouvrages.
Les auteurs et lecteurs qui ne partagent pas ma vision des choses sont libres de lire ou zapper mes billets. La seule chose à éviter, si je puis me permettre, c'est de les lire en diagonale pour ensuite venir m'accuser de n'importe quoi. Cela n'apporte qu'une perte de temps de part et d'autre.
Chacun pense ce qu'il veut ; de mon côté, j'écris ce qui me semble utile. Je répondrai toujours volontiers aux interlocuteurs dénués d'intentions malveillantes, mais sans plus jouer le jeu des débats stériles : je préfère garder mes forces au profit de qui pourrait en avoir besoin.
Pardon de m'être beaucoup répétée. Je radote, m'a aimablement signalé une consœur. Toutes ces réflexions maintes fois resservies sous différents angles et formes sont, si vous y adhérez, des éléments pour vous conforter dans votre démarche, vous aider à lutter contre le découragement et à tenir tête aux argumenteurs de mauvaise foi.
Je ne publie pas sur ce blog pour convaincre celles et ceux qui ne veulent pas l'être, mais pour exprimer ma sympathie aux auteurs sérieux et identifier peu à peu ceux dont le talent mérite soutien immédiat et solutions futures. Il existe un groupe spécifique créé à cet effet : me contacter en MP sur facebook, avec un résumé de vos motivations et le lien vers l'un de vos ouvrages.
Les auteurs et lecteurs qui ne partagent pas ma vision des choses sont libres de lire ou zapper mes billets. La seule chose à éviter, si je puis me permettre, c'est de les lire en diagonale pour ensuite venir m'accuser de n'importe quoi. Cela n'apporte qu'une perte de temps de part et d'autre.
Chacun pense ce qu'il veut ; de mon côté, j'écris ce qui me semble utile. Je répondrai toujours volontiers aux interlocuteurs dénués d'intentions malveillantes, mais sans plus jouer le jeu des débats stériles : je préfère garder mes forces au profit de qui pourrait en avoir besoin.
Excellente lecture ou écriture à toutes ou à
tous !
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