Comme je suis à peu près autant portée sur l'affiliation idéologique que sur la malbouffe industrielle, je parle assez rarement de politique sur ce blog ; mais ce à quoi
l'on assiste depuis deux mois est trop effarant pour que je ne sois pas obligée de lâcher un peu de vapeur. On peut confiner les corps, mais l'indignation,
faut que ça sorte !
Sous la IIIe et la IVe
République, tant décriées depuis l'avènement de la Ve,
on entendait encore des ténors politiques, quel que fût leur bord, s'exprimer à la tribune avec sincérité et efficience (efficience des actes subséquents, hein ! pas de l'enrobage. Tant qu'à me faire refiler un suppositoire, autant qu'il contienne le remède, pas seulement la glycérine).
À cette époque, il
existait encore des hommes politiques visionnaires, capables de
concevoir des projections à moyen et long terme pour tracer des
lignes directrices et impulser à leur pays l'élan nécessaire pour
les suivre.
Capables de discerner les enjeux majeurs et d'y faire
face avec énergie, sans atermoiements ni calculs de bas étage.
Capables de créativité (sujet central : j'y reviendrai un de
ces jours), c'est-à-dire d'imaginer d'autres méthodes, d'autres solutions,
d'autres lendemains… ou, tout simplement, de se mettre à la place
des autres.
D'accord, sous la IIIe il y eut Munich, entre autres piteux errements. Mais à côté des
velléitaires, des lâches, et ne parlons pas des vendus, il y avait
des hommes debout qui préconisaient d'autres choix qu'une
temporisation foireuse.
L'ère de ces hommes-là semble révolue,
hélas. La mixité promettait une bouffée d'air. Raté ! Où
sont les hommes ou femmes politiques d'envergure, grands serviteurs
de l'intérêt général et pas seulement de leurs carrières ?
Les ténors d'aujourd'hui sont des politiciens. (J'ai hésité à ajouter un h, comme certains l'ont osé dans un autre mot ; mais précisément, cet exemple me retient.)
La préoccupation de nos politiciens, disions-nous, n'est pas le bien commun, mais
l'horizon des prochaines élections. Ils n'ont ni la vision d'avenir,
ni le courage, ni le dévouement qui seraient nécessaires à l'aube
d'une ère aussi mouvementée.
Leur domaine d'expertise n'est pas la gestion des
affaires publiques (ou alors, bien petitement, en technocrates imbus de leur
caste), mais la communication.
Leurs discours ne sont plus destinés à tracer
des voies audacieuses, à galvaniser, encourager, raffermir,
rassembler les bonnes volontés et proposer de nouveaux défis pour
répondre aux besoins et aux problèmes à venir.
Non, ils sont emplis de formules aussi creuses
qu'alambiquées ; de poses « politiquement
correctes » ; de demi-vérités ; de proclamations
grandiloquentes qui n'engagent que ceux qui les prennent au pied de
la lettre ; d'avancées timides et confuses destinées à
ménager la chèvre et le chou ; de propos sans envergure,
d'ailleurs soigneusement contredits dès la phrase suivante afin de
n'engager leurs auteurs à rien.
Chaque mot, chaque accent est pesé pour
faire effet sur le plan émotionnel et ne contenir aucun sens
véritable. En un mot : ce sont de grands Maîtres de
l'enfumage.
D'accord : les politiques, comme on dit,
n'ont jamais été des anges. Mais il fut un temps où leur esprit
avait des ailes.
À présent, ce sont des virtuoses de l'expression
orale purement formelle, assistés par des experts retors, avec pour
seul objectif de nous faire prendre encore un peu (allez, jusqu'au
prochain scrutin… et au prochain…) des vessies pour des
lanternes.
Vessies de porcs, comme l'a encore démontré une
affaire récente, et lanternes qui n'éclairent pas plus loin du bout
de leur nez.
Bon courage à toutes et à tous !
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