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Chers amis, en ces temps de désastre, je ne résiste pas à l'impulsion de partager avec vous des extraits assez prophétiques d'un ouvrage rédigé en 1990 par le reporter de guerre Jean Lartéguy : Le roi noir.
Ce titre désigne le pétrole. Par extension, il critique la nuisance des puissants intérêts industriels et financiers qui sévissent partout dans le monde.
Dans ce roman très documenté, Steve est un journaliste corrompu et Michael, un haut fonctionnaire véreux, habile tireur de ficelles au service desdits intérêts.
« — Non, Steve, ce n'est plus le
journaliste qui se tient sur le char du triomphe, à côté de César,
mais sa contrefaçon : l'homme des médias. Celui-ci n'a plus
besoin des talents et des connaissances qu'on exige des vrais
professionnels de la presse. On lui demande seulement d'être un
visage, une voix, une image que le petit écran projette dans tous
les foyers où elle s'installe comme un mauvais génie. Il est la
vérité, il est la renommée, il y a longtemps qu'il a balancé
César de son char pour occuper sa place. Avouez, Steve, que vous ambitionnez de tenir ce
rôle : être roi d'une foule d'ilotes. Pourquoi, me direz-vous,
se conduire en sage, se montrer lucide en ces temps de démence où
tous les fruits sont bons à cueillir ?
— Qu'offrent à l'humanité les gens de
votre sorte, Michael ?
— Les grandes surfaces, temples de la
nouvelle foi, la vie en troupeau, la paix des étables plutôt que le
fracas des batailles et le silence des cimetières.
(…)
[Michael] méprisait plus encore les politiciens
qu'il savait si bien servir et desservir, car il n'ignorait rien de
leurs compromissions avec l'argent. Il n'était pas dupe de leur
puissance, sachant qu'ils se laissaient porter par les événements
plus qu'ils ne les dirigeaient en dépit des spécialistes, des
experts, des devins tout aussi ignorants qu'eux qui les
conseillaient.
Il méprisait aussi la presse qu'il utilisait, les
médias qui, selon lui, régneraient désormais sur une humanité
abêtie et qu'il était bien décidé à contrôler.
— L'humanité, disait-il, a perdu ses dieux
et les idéologies sont mortes. Pour la rassurer, elle n'a plus que
l'argent qui comble sa boulimie de nourritures écœurantes, de sexe, de gadgets inutiles, de drogues et de prêches rassurants. »
Aujourd'hui, nous traversons des temps difficiles, où ce qui est décrit plus haut semble donner sa pleine mesure. Mais, courage ! Des vérités commencent à se faire entendre. Malheureusement, je ne peux plus aider à la réinformation, hormis en filigrane au travers de fictions généralistes. (Certains d'entre vous auront peut-être remarqué la suppression de mes billets récents. Je n'ai pas eu le choix ; veuillez accepter mes excuses.)
Occupée à parachever le volume 6 d'Élie et l'Apocalypse, je dois demander à mes lecteurs d'être patients : comme tous les volumes complets, celui-ci ne vous sera proposé qu'une fois entièrement réécrit, augmenté de nombreux passages inédits et assorti d'un supplément en résonance avec l'actualité.
En attendant, portez-vous bien, prenez soin de vous-mêmes et de vos proches, faites preuve d'esprit critique vis-à-vis de la propagande/désinformation médiatique, et essayez envers et contre tout d'être aussi heureux que possible !